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Voici comment j’ai quitté Facebook pour revenir en ce monde.

Introvertie bien cachée…

Je suis une personne qui est plutôt timide et introvertie. Personne y croit, mais moi je le sens. On peut avoir un fonctionnement par introspection et s’exprimer. Puis, je pense que c’est un peu comme une respiration tout ça. Je me recharge seule, et ensuite j’ai besoin d’expression et de social.  Paradoxalement, mon cerveau bouillonnant d’idées et aussi très curieux fait que j’ai, malgré tout développé, une certaine facilité à m’exprimer, même en public, même avec les étrangers. J’aime, partager des connaissances, parler pour déclencher les réactions, les opinions, les différences et les ressemblances entre les humains.

Dans un contexte donné, si les gens s’attendent à ce que je leur parle, je le fais aisément. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que certains jours, j’ai de la difficulté à entrer dans une épicerie de peur d’avoir une interaction, que parfois ma confiance est si basse que le dépanneur me terrorise et que je fais un détour pour ne pas rencontrer des gens. Certains jours, les gens m’épuisent, c’est pas leur faute. Je le cache bien, mais, j’encaisse, comme on dit! Le pire, j’ai souvent des boulots avec le public, car, j’aime rendre les gens un peu plus heureux.

Le métavers un lieu de rassemblement et de division.

Cependant, il existe un univers alternatif où des milliers, voir les milliards de personnes peuvent entrer en contact à toutes heure du jour et de la nuit sans se voir; où toutes les information voulues ou non, circulent sans qu’on les demande.  On y lit tout le monde en même temps, les opinions, les états d’âme, les nouvelles de partout sans être confronté à un autre humain face à face. On n’y voit non seulement ce que nos contacts nous partagent, mais aussi ce qu’ils disent sur des pages qu’on ne suit pas, des nouvelles qui ne nous concernent pas. C’est un lieu merveilleux pour les timides curieux. Il donne l’impression d’un espace infini et privé car on peut rester dans notre chambre les rideaux fermés et s’ouvrir sur le monde.  C’est un endroit où on peut passer trop de temps à ne pas vivre ici.

Je sais depuis longtemps qu’un réseau social comme Facebook est toxique. Enfin, pour quelqu’un comme moi. Quelqu’un de curieux et timide, mais, avec un soucis de justice, des opinions aussi. Être exposée à tout ça constamment sans bien doser, car, je pense que Facebook, on y vit ou on n’y est pas. J’ai exploré assez le jour et la nuit pour voir que je ne suis pas la seule à y perdre mon temps… et mes nerfs! Ce qu’on y voit peut influencer notre humeur. C’est un lieu fertile pour rassembler ceux qui se ressemblent et diviser un peuple. C’est un nid radicalisant autant qu’il peut être rassembleur. Un type que je ne connais pas qui vit à des lunes de moi et qui dit des conneries, peut influencer mon humeur quand je bois mon café dans ma cuisine!!

Je refuse maintenant de rendre ça possible.

J’ai résisté un an ou deux lors des débuts de la chose. J’étais bien heureuse avec Myspace, Flickr et je trouvais Facebook laid. Je n’ai d’ailleurs pas changé d’avis là dessus.  Là, j’ai vu sa laideur profonde. Je l’ai sentie. J’ai pensé à tout ce que j’avais écrit et qui se promenait depuis 2006 ou 2007. Des souvenirs qui m’appartiennent, des mots qui une fois dits et lus devraient simplement partir. Des traces de ma vie exposées ainsi, volontairement, certes. Pourtant, plus je vois les vies des autres, plus je réalise à quel point je suis exposée.

Le tourisme et le trafic va commencer dans mon petit coin tranquille. Je pense que je n’ai pas besoin des 550 personnes sur Facebook et toutes leur connexions.  En fait, j’aime beaucoup de ces personnes. Mais, le test ultime est de savoir avec qui je pourrai communiquer en vrai après ça!

Reste-t-il de vraies personnes?

Après une désactivation de 6 semaines l’hiver dernier, j’ai réalisé que  moins de 10 personnes on réalisé mon absence. Encore moins m’ont contactée. Je notes dans mon cœur les quelques-un(e)s.

Je resterai sur Instagram, je garde ma page d’artiste sur Facebook, mon Flickr, j’y suis depuis 2005.  Mais, la Marianne sur Facebook, elle ne veux plus y être.

À bientôt, en ce monde!

Catégories : Nouvelles

Marianne Fourcaudot

Née à Québec, il y a plusieurs décennies, Marianne Fourcaudot a étudié en arts, lettres et cinéma. Si vous lui demandez pourquoi, elle vous dira très sérieusement que c’est le seul domaine qui pouvait lui permettre d’être tout à la fois : cowboy, pianiste de concert, tueur en série, criminologue, camionneuse ou ornithorynque… En 1999, elle est membre du Jury Émile-Cantillon au Festival du film francophone de Namur, en Belgique. En 2000, Marianne participe à un projet d’art éphémère à Mios, en France. Elle réalise trois courts métrages d’animation et s’implique dans plusieurs festivals à Québec où elle y est à la fois chauffeur et photographe. Elle s’installe à Milwaukee, au Wisconsin, pendant plusieurs années elle y expose et vend ses toiles qui tombent dans l’œil de la directrice artistique du ballet de Milwaukee. Elle initie, avec l’aide de son partenaire de l’époque, plusieurs jeunes et moins jeunes à la photo argentique. Artiste indisciplinée, comme elle aime bien le dire, passionnée d’encre et de plumes, les médiums et moyens d’expressions vont au gré des fantaisies du moment. Toujours avec poésie et surréalisme, elle crée par besoin et quand ça lui tente. Le reste du temps, elle essaie d’avoir une vie normale, mais, cette partie mériterait un autre chapitre. Elle nomme les libellules par leur nom latin, discute avec les animaux qu’elle rencontre. Elle est maintenant installée dans la belle et inspirante région de Charlevoix. Les animaux, la nature, les saisons, la condition humaine sont parmi ses inspirations majeures.