La bonne action 

(confession d’un tueur bien intentionné)

 

Dans l’immensité, elle s’appropriait le tout : l’univers, les planètes et l’obsession centrale de la pensée. Au monde qui dansait autour comme si elle en était le centre,

elle lançait le mépris d’une lassitude condescendante.

Puis, belle, méchante terroriste envahissante, mangeuse d’enfants et d’instruments tranchants,

cette politicienne de l’amour s’est couchée dans le champ.

 

Se retourne l’objet de mon désir pour en découvrir un fond mal poli.  

Si vous ne comprenez pas mon geste, sachez que je vous ai tous sauvés. 

On lui aurait offert la lune, par une simple lumière réfléchie.  

Elle gît maintenant désarmée… je l’ai éteinte, car vous étiez aveuglés.  

 

Sa flamme nue, adoucie dans l’eau gelée du lac.  

Au printemps, comme les herbes renaissent, pêcheurs, baigneurs la feront leurs. 

Vous pourrez maintenant vous partager ce souvenir aphrodisiaque. 

Elle sera dans tout sans heurter les cœurs. 

Elle, la bête idéalisée… Mes excuses à sa mère qui la pleure.  

 

Si j’osais, je la rassurerais en lui disant que ce n’est pas sa faute.  

La Beauté de sa fille, au village était souffrance. 

Elle ne comprendrait pas, car personne ne comprend les autres.  

Ma douleur, certes, fut anéantie nette lors d’une trance.    

 

J’étais cependant en paix, vous savez, lorsque je la découpais.  

Je demande votre empathie, j’ai fait quelque chose de bien. 

Ce geste qui me crevait le cœur si j’avais à désosser un poulet, cette fois, me calmait.   

La convoitise des hommes créait guerres entre cousins.  

 

Si j’en parlais et avouais, je serais condamné  

Par vous-même qui tueriez un loup enragé.   

Au printemps, flottera un de ses doigts gris avarié. 

La grimace sur son visage bouffi vous effraiera,  

Son ventre de viscères putréfiés, accouchera, 

Et vous verrez, enfin, sa nature exposée.  

(c) Marianne Fourcaudot 2024
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Marianne Fourcaudot

Née à Québec, il y a plusieurs décennies, Marianne Fourcaudot a étudié en arts, lettres et cinéma. Si vous lui demandez pourquoi, elle vous dira très sérieusement que c’est le seul domaine qui pouvait lui permettre d’être tout à la fois : cowboy, pianiste de concert, tueur en série, criminologue, camionneuse ou ornithorynque… En 1999, elle est membre du Jury Émile-Cantillon au Festival du film francophone de Namur, en Belgique. En 2000, Marianne participe à un projet d’art éphémère à Mios, en France. Elle réalise trois courts métrages d’animation et s’implique dans plusieurs festivals à Québec où elle y est à la fois chauffeur et photographe. Elle s’installe à Milwaukee, au Wisconsin, pendant plusieurs années elle y expose et vend ses toiles qui tombent dans l’œil de la directrice artistique du ballet de Milwaukee. Elle initie, avec l’aide de son partenaire de l’époque, plusieurs jeunes et moins jeunes à la photo argentique. Artiste indisciplinée, comme elle aime bien le dire, passionnée d’encre et de plumes, les médiums et moyens d’expressions vont au gré des fantaisies du moment. Toujours avec poésie et surréalisme, elle crée par besoin et quand ça lui tente. Le reste du temps, elle essaie d’avoir une vie normale, mais, cette partie mériterait un autre chapitre. Elle nomme les libellules par leur nom latin, discute avec les animaux qu’elle rencontre. Elle est maintenant installée dans la belle et inspirante région de Charlevoix. Les animaux, la nature, les saisons, la condition humaine sont parmi ses inspirations majeures.

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